Vincent FOLLOROU – Conseiller en accessibilité, service UNIACCES, entreprise SURDICOM
Je vais parler de compensation et de choix de vie. Deux exemples à vous citer. Tout d’abord d’un complexe associatif de cinéma à Fougères. La volonté de l’association est de rendre accessible toute la structure et d’apporter un confort pour tous les utilisateurs.
Premiers constats : Il y a de gros problèmes. Fabriqués après 2005, les bâtiments répondaient aux obligations d’accessibilité. Ils ont mis des boucles magnétiques. Ça avait été mal fait. On regardait « Star Wars » et de l’autre côté, on avait « Blanche Neige et les sept nains », deux films en simultané. La difficulté pour les malentendants, pour les cinémas, les salles de spectacles, le culturel en général, il faut bien saisir la différence entre comprendre et entendre.
La chance qu’il y a eu avec ce cinéma, c’est qu’ils ont décidé de réhabiliter tous leurs locaux et ils ont pensé en amont à toute l’accessibilité. Ils ont essayé d’anticiper.
Nous avons été consultés avant de tout refaire. Nous avons pu faire des essais, faire des propositions. Ils ont choisi une technologie plutôt qu’une autre.
Il y avait aussi une volonté de rendre accessible toute la chaîne de déplacement. Ils ont pensé depuis la voirie, tout le guidage au sol pour les personnes malvoyantes. Les guichets sont accessibles, toute la signalétique a été refaite et « calibrée » en fonction de chaque situation de handicap. Tous ces aménagements ont été aussi pensés pour qu’ils soient supportables économiquement par l’association, en amont du projet et avec tous les acteurs.
La deuxième situation est assez intéressante aussi. C’est un navigateur professionnel qui, il y a deux ans, voulait prolonger son activité professionnelle et faire la Route du Rhum. Malheureusement, comme beaucoup de personnes d’un certain âge, il commence à avoir une petite surdité, une presbyacousie (surdité liée à l’âge).
Il était très inquiet et sa famille aussi de partir dans ces conditions. On a travaillé avec pas mal de personnes, notamment les audioprothésistes. Nous avons adapté des prothèses auditives qui étaient compatibles avec le milieu marin principalement. D’autre part, il fallait que ce marin soit en connexion avec son bateau. Il est en solitaire, au milieu de l’Atlantique. Il dort un quart d’heure toutes les deux heures. Quand il dort, il dort profondément, il n’entend plus rien. Il faut qu’il puisse entendre les alarmes de pilote automatique, etc.
Nous avons trouvé, cherché, expérimenté plein de techniques, plein de technologies pour que les alarmes se transmettent à ses prothèses. Quand il dort, ça flashe et ça vibre.
Il ne faut pas imaginer que ce n’est pas possible. Il faut engager la réflexion dans la co-construction avec tous les acteurs.
99 % des solutions existent. Il faut juste faire preuve de bon sens ensemble. Je suis épaté de voir comment les gens qui signent se sont approprié les smartphones. Ils font des « visios » en direct. Une technologie qui n’a pas été fabriquée pour eux. Ils téléphonent ou plutôt, Ils « visiophonent ».