Être accessible, est-ce inaccessible ? Guy LASSAIGNE

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Guy LASSAIGNE – Manager technique retraité de l’industrie, Réseau Des réussites et Handicafé

Le réseau des réussites et Handicafé sont à l’initiative de LADAPT. Le réseau d’Ille-et-Vilaine existe depuis 20 ans exactement. Nous proposons des accompagnements pour les personnes en situation de handicap.

Souvent, le parcours d’accompagnement des personnes en situation de handicap par des professionnels est un parcours qui ne leur convient pas totalement. C’est d’abord une question liée à la temporalité de ces accompagnements. Les portefeuilles des professionnels sont ce qu’ils sont. Les personnes les voient 20 à 25 minutes tous les mois et demi et on ne peut pas demander mieux.
Nous ne sommes que des bénévoles. Nous intervenons sur des créneaux de temporalité beaucoup plus souples et denses. C’est-à-dire que, quand la personne a besoin de nous aujourd’hui, nous sommes là. Si elle a besoin de nous demain pour nous interpeller sur un sujet qu’elle souhaite évoquer, nous sommes encore là.
Qui dit bénévoles ne dit pas amateurs.
Nous bénéficions de formation. À peu près une dizaine de formations par an sur des créneaux de deux heures. Ça nous paraît très important puisque nous accueillons personnes avec handicaps multiples et extrêmement variés.

Dès lors que la personne peut aller vers le milieu ordinaire de l’emploi, nous n’avons pas à tenir compte de son handicap. Nous tenons compte de ses capacités et de sa « capabilité ». Nous sommes une vingtaine sur le département à accompagner une vingtaine de personnes. Nous jouons sur des petits nombres et ça nous permet d’être probablement assez efficaces.

La durée des accompagnements est très variable. Ça peut aller de six mois à sept ans. Il faut s’en expliquer. Deux personnes sont venues vers nous alors qu’elles étaient encore à la fac. Nous les avons accompagnées dans leur projet universitaire. Nous les avons accompagnées dans leur formation postuniversitaire. Nous les avons accompagnées dans leur démarche vers l’emploi. Sept ans, ça peut paraître très long, mais en fait, ce n’est pas si long que ça. Aujourd’hui, ces deux personnes sont en CDI dans un emploi qu’elles ont choisi.

Il ne faut pas briser les rêves ni briser les envies. Il faut que les projets professionnels s’inscrivent bien dans les projets de vie.
Nous avons trop tendance à raisonner sur le normatif, sur la réglementation et moins sur les compétences des gens. C’est tout à fait regrettable.

Je pense que par exemple, une personne sourde profonde, si elle a les compétences, devrait pouvoir accéder au permis de conduire 38 t. Pourquoi pas ? Aujourd’hui, elle ne peut pas à cause d’une réglementation. C’est un exemple. Il y en aurait sans doute de multiples et tout le monde ici en connaît.

Il faut lever ces barrières, il faut partir des compétences de la personne, il faut partir de ses envies. Il faut valider et coconstruire. Il faut mobiliser toutes les bonnes volontés : « Faisons en sorte que ce soit possible ».

Les freins principaux sont au niveau de l’entreprise. Nous n’aidons pas suffisamment les entreprises à appréhender la notion de handicap. Il n’y a pas suffisamment de sensibilisation. De la même façon que l’emploi accompagné existe, il faudrait une démarche « entreprise accompagnée ».
Il existe une incitation financière de 4000 € pour toute entreprise qui emploie une personne en situation de handicap. Mais je me demande si ces 4000 € sont bien positionnés. Je préférerais qu’ils soient investis dans la sensibilisation au sein de l’entreprise. Qu’ils servent à convaincre les dirigeants, l’encadrement, les salariés qu’il est possible d’accueillir une personne différente et qu’elle a la capacité de réussir dans l’entreprise de la même façon qu’eux.
Aujourd’hui, les entreprises disent qu’elles recherchent de la compétence et elles veulent être aidées à accueillir des personnes en situation de handicap.

Si j’avais un message à passer, ce serait : « aidons-les ! »

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