Nelly SEBTI – Présidente de l’association Oreille et vie
C’est une association qui est basée à Lorient. Nous avons le siège à Lorient et une antenne sur Vannes. Son objet est d’accueillir les personnes qui ont une déficience auditive pour les renseigner sur les aides techniques, les appareillages, prothèses auditives ou implants cochléaires. Nous sommes également invités à travailler au sein de commissions d’accessibilité. Nous n’avons qu’un rôle de recommandation. Nous sommes là pour faire valoir les besoins des personnes malentendantes.
« La différence doit permettre l’inclusion et la vie citoyenne »
La meilleure situation qui puisse pour moi illustrer l’accessibilité, l’égalité des chances par l’accessibilité, c’est la formation que j’ai passée à ASKORIA, de 2010 à 2012, alors que j’étais déjà appareillée de prothèses auditives d’un côté et implantée cochléaire de l’autre.
J’ai eu la chance de bénéficier d’un dispositif avec une valise de sons équipée d’une boucle à induction magnétique qui permettait de recevoir le son de l’intervenant, de mon professeur, dans l’implant cochléaire et dans la prothèse auditive directement. Mes collègues de promotion utilisaient également un micro qui circulait pour chaque personne qui prenait la parole. L’ensemble des propos était accessible.
Le handicap a disparu pendant ma formation. J’étais à égalité de chance et j’étais peut-être même celle qui entendait le mieux parce que j’avais un son très pur dans l’oreille. Je pouvais prendre des notes. Cette situation a été un véritable terrain d’expérimentation. J’étais la première personne à être accompagnée de cette manière pour une formation. D’ailleurs, aujourd’hui le dispositif sert énormément dans l’aménagement de postes de travail de nombreux sourds et malentendants.
Grâce à ce dispositif, le handicap n’existait plus, je me suis vraiment sentie à égalité de chances avec mes collègues. Cela a développé un profond respect mutuel entre nous. J’avais un « humain d’assistance » pendant ma formation. Il m’a accompagné jusqu’à la soutenance de mon mémoire qui se déroulait devant un jury. Il a d’ailleurs fallu avoir l’autorisation des instances de certification pour pouvoir passer cette transcription qui était là encore vraiment une première.
Une fois diplômée, j’ai pu bénéficier de l’ensemble de l’équipement avec un investissement qui a été fait par mon employeur, qui a été très enclin dans ses démarches. Malgré mon handicap, j’ai eu la chance d’avoir un parcours évolutif en passant de chef de service à directrice, directrice de pôle médico-social en fin de carrière.
Clairement, cette accessibilité m’a permis de remplir les missions inhérentes à ma fonction de direction, particulièrement au niveau de la communication, avec les salariés, les équipes, la direction, avec aussi les partenaires et le réseau. J’ai bien conscience d’avoir été privilégiée, d’avoir pu être accompagnée avec autant de fiabilité, avec des moyens, des ressources.
C’est un parcours qui sort du commun et qui malheureusement ne reflète pas la majorité des personnes.
Les freins sont nombreux. Il y a d’abord un manque d’information. Ensuite chaque personne possède ou non une habilité à faire des dossiers, c’est toujours très conséquent. Il m’a fallu attendre un an avant de pouvoir entrer dans cette formation le temps d’avoir le financement. Ces assises régionales aujourd’hui doivent permettre de faire savoir que l’accessibilité c’est possible : « La différence doit permettre l’inclusion et la vie citoyenne ».